GEPOR (Groupement pour l’Exploitation des Ports Privés à Illange) est une filiale d’ArcelorMittal. J’ai rencontré ses salariés mardi 22 septembre devant la sous-prefecture de Thionville alors que leurs représentants échangeaient avec Thierry Hegay, sous-préfet de l’arrondissement de Thionville.
J’en ai fait l’enregistrement audio ci-dessous.
À l’origine de leur mobilisation, on trouve le traitement qui leur est réservé dans le projet de fusion des 11 ports lorrains prévue au 1er janvier 2021. Un projet qui créera un consortium public-privé pour piloter les ports de Metz-Mazerolle, Nouveau Port de Metz, Port de Thionville-Illange, Port de Nancy-Frouard, Port de Toul-Valcourt, Port de Belleville, Port de Maxéville, Port de Cattenom, Port de Koenigsmacker ainsi que les ports privés du Groupe ArcelorMittal : Mondelange-Richemont et Thionville-Illange.
Aux manettes des futurs ports fusionnés, on trouve trois acteurs : la CCI Grand Nancy Métropole – 54, CFNR Transport (filiale de RHENUS) et ArcelorMittal. Via une délégation de service public, ils assureront « la gestion, l’exploitation, l’aménagement et le développement de l’ensemble de ce domaine industrialo-portuaire des ports lorrains pour 30 ans ».
Les salariés de GEPOR le disent eux-mêmes : « le projet en lui-même est joli, le fond est bon mais la forme est exécrable ».
« On lève des lièvres au fur et à mesure »
Ce sont leur place au sein du groupement, leur sortie du groupe ArcelorMittal qu’ils et elles vivent comme une expulsion qui posent problème : « [ArcelorMittal] a cru nous endormir en nous présentant une prime de 5.000 euros ». « Ils veulent qu’on intègre une filiale de moins de 50 salariés, on n’est pas d’accord sur le principe, on passerait à 35h/semaine au lieu de 40h, plus de prime et surtout plus de sécurité de l’emploi par rapport à Arcelor qui devrait nous reclasser si jamais ça devait mal tourner ».
Dans l’opération, ArcelorMittal cède les activités et les salariés de sa filiale GEPOR mais pas le foncier qu’il met en location et dont il reste propriétaire. C’est tout bénéfice pour l’entreprise !b
En 2019, ArcelorMittal a enregistré un chiffre d’affaires de 70,6 milliards de dollars pour uneproduction d’acier brut de 89,8 millions de tonnes, avec une production propre de minerai de fer de 57,1 millions de tonnes.
En France, ArcelorMittal compte 15 600 salariés dont plus de 800 chercheurs, répartis sur ses 40 sites de production, ses centres de distribution et de services et ses trois sites de R&D. ArcelorMittal a produit 11 millions de tonnes d’acier liquide en 2018 en France. La France représente environ un tiers de la production d’aciers plats d’ArcelorMittal en Europe.
Les 22 salariés de GEPOR qui sont en position de force multiplient les actions depuis l’été. Le projet ne peut se faire sans eux. Et à travers les discussions qu’ils ont pu avoir avec des élus locaux ou des parties prenantes du projet, il est apparu que leur situation n’était pas le seul point de friction de ce plan de fusion (par exemple Metz métropole voudrait garder la main sur leurs ports).
Le souhait des GEPOR, c’est de rester « ArcelorMittal » et de n’être que détachés dans la nouvelle structure.
Ce mardi, c’est l’appui du sous-préfet que sont venus chercher ces salariés qu’on se plait à « mener en bateau ». Ils souhaitent de l’aide pour organiser une table ronde avec les différents acteurs ainsi qu’une réunion avec Eric Niedziela, Vice-Président d’ArcelorMittal qui refuse toujours de les rencontrer.
« Ce projet offre à notre activité portuaire de nouvelles perspectives de développement au sein d’un ensemble cohérent et dynamique. Nos équipes, aujourd’hui salariées de Gepor, pourront, selon des modalités qui feront l’objet d’une négociation au sein de Gepor, rejoindre la Société des Ports Lorrains. Elles apporteraient ainsi à la société leurs compétences et leur expérience. Le transport fluvial est essentiel pour ArcelorMittal, qui se félicite des perspectives offertes par ce nouvel ensemble. »
Commentaire d’Eric Niedziela, Vice-Président d’ArcelorMittal, dans le communiqué de presse qui présente le projet le 1er juillet 2020.
C’est pas parce qu’on travaille dans les ports qu’il faut nous mener en bateau !