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La violence faite aux femmes : une affaire d’hommes

Le 25 novembre : la Journée qui ne dit pas son nom. Présences et absences à l’évènement messin du 21 novembre nous inspirent réflexions sur l’absence des mots et leur impact sur les maux. Éradication de la Violence à l’égard des femmes…
Vous avez dit « masculine » ?

Iels1Iels : ils et elles sont venu·e·s, iels ne sont pas tou·te·s là.

Ce samedi 21 novembre, à l’initiative d’Osez le féminisme 57, 200 personnes environ se sont rassemblées devant le Tribunal de Metz, symbole de la Justice, pour dire toute l’injustice des violences faites aux femmes dans le cadre de la journée du 25 novembre, journée Internationale de l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

1000 personnes intéressées selon l’évènement facebook, 200 présentes. Cela m’interpelle.

Pourquoi ? Pourquoi toujours si peu de monde en cette journée « dédiée aux violences faites aux femmes » ?

On entend sur les prises de sons quelques voix ici qui disent pourquoi iels viennent, femmes et hommes. Ces voix qui parlent avant les cris, de colère, de frustration, d’appels à l’aide portés par les organisatrices de la manifestation.

Cécile : « c’est important d’être là aujourd’hui »

Perrine « se sentir en sécurité »

Guillaume, sur la rémunération des femmes

Mise en concurrence du 3919, Attaques de l’extrême droite, soutien aux femmes polonaises.

Eva d’Osez Le Féminisme 57 : « les violences ont augmenté pendant le confinement »

Aujourd’hui 25 novembre, je m’interroge surtout sur le pourquoi si peu de monde en réalité.

Ô bien-sûr, il y a le virus, les interdictions de sortir, de vivre libres et sans masques. Dehors aussi : le virus n’est pas suspendu, mais il est en suspension… Dans l’air. Du temps. Pourtant, la manifestation statique était autorisée et Osez le Féminisme 57 (OLF57) avait bien pris soin de le communiquer via les réseaux sociaux.

200 personnes.

Il faisait beau. Pas de problème de circulation. De parking. Tout était parfait pour être légion à manifester ce samedi. On sait maintenant, grâce aux réseaux sociaux qui regorgent de messages de victimes, d’associations féministes, d’articles de presse, de sites spécialisés, etc, que la violence faite aux femmes est… partout.

Alors pourquoi si peu de monde ?

Cette journée est-elle finalement suffisamment médiatisée ? La presse s’en est-elle suffisamment fait l’écho ? Le traitement des faits de violence conjugale ou sexuelle sont régulièrement décriés par les organisations investies dans la lutte pour l’égalité et contre les violences, tant leur vocable est loin des réalités… On aborde toujours trop ces sujets dans les faits divers, en parlant de drames conjugaux, de crimes passionnels, de pédophilie (« qui aime les enfants » – est-ce vraiment aimer les enfants que de leur imposer des relations sexuelles ?) quand il s’agit de féminicides, de violences masculines faites aux femmes et aux enfants, de pédocriminalité… Les médias s’intéressent-ils sérieusement à ce phénomène ? On peut se poser la question. Car une morte tous les deux jours, des centaines de viols par mois, sont-ce seulement des faits divers ?

Et qu’en est-il des Mairies, les premiers maillons de la cohésion sociale, de la protection des personnes, de leur sécurité, de la prévention, de leur santé ? Localement, aucun message à cette occasion ne m’est parvenu de la mairie dont je dépends. Et j’écris bien « ne m’est parvenu » car j’attends d’une collectivité territoriale engagée, si elle l’est, qu’elle le montre, qu’elle agisse avec bruit sur ces questions qui secouent le monde entier et particulièrement depuis 3 ans2Extension virale du mouvement #meetoo, créé en 2006 par Tarana Burke (Me too Movement) travailleuse sociale new-yorkaise, médiatisé par Alissa Milano, actrice américaine. Je suis une femme et je m’étonne du silence assourdissant de ma ville à ce sujet. Pourtant elle n’est pas épargnée. Ni par les rumeurs, fausses ou fondées (la Justice fera son travail), ni par les faits. Le Département de la Moselle était encore il y a peu, le 5ème département dans le classement macabre du nombre de meurtres de femmes par leur conjoint ou ex-conjoint. Il y a des villes, ailleurs, qui organisent des événements sur tout le mois de Novembre, qui éditent des livrets sur la question (Lille), qui annoncent la couleur sur leur site internet (Nantes…). J’habite Thionville : je n’y ai jamais vu une seule affiche municipale dénonçant les violences masculines ou bien de prévention. Dans le même temps, on est en période de crise : personne ne sort. Ou presque… Cela dit, avant la période Covid, je n’en ai jamais vu non plus. Sur le site Internet de ma ville, aucune mention visible n’est faite de l’Égalité entre les femmes et les hommes, aucune personne, aucun collège n’est dédié à cette cause majeure– il faut aller chercher le détail du contrat de ville de la CATPF3Communauté d’Agglomération Thionville-Portes de France pour le trouver dans les éléments qui « s’ajoutent » aux piliers principaux. Et nulle part n’est fait mention de la lutte contre les violences masculines faites aux femmes. Ce problème constant de violation des Droits Humains, cette « entorse au principe républicain d’égalité des chances » impactant la santé des femmes et des filles, leur développement socio-économique, coûtant en l’occurrence plusieurs dizaines de milliards à la société (soins, justice, police, accueil, accompagnement, locaux, manque à gagner dans les entreprises, etc.) ne semble toujours pas mobiliser plus d’attentions, plus de programmes visibles, déployer plus de moyens efficaces, de prévention remarquable. Tout se passe comme si ces faits récurrents étaient normaux, banalisés, que l’on ne pouvait rien y faire. Tout semble toujours confidentiel.

200 personnes. A Metz. J’habite Thionville.

Pourtant, faut-il se le rappeler, notre ville a été marquée par ce féminicide du 17 novembre 2008 commis par l’ancien maire Demange, qui, battu aux élections de mars, avait battu puis abattu son ex-compagne. Avant de se suicider. Et de se souvenir que l’homme a inspiré une minute de silence à l’Assemblée Nationale en son hommage, sans qu’un mot ne fût dit de son acte d’assassin ni en mémoire de sa victime. Je ne m’en souviens pas en réalité : c’est l’année dernière seulement, le 19 novembre, que j’ai appris, avec stupéfaction, cet incroyable mépris de la victime dans l’enceinte même de la République.

Ce sujet est-il tabou ? Ou bien est-il si peu important qu’on ne s’en empare pas plus visiblement ? Ou bien est-il tabou et/ou considéré comme si peu important… parce que finalement, il touche aux hommes ? Je ne parle pas ici des victimes masculines de violence conjugale4Il faut noter que les féministes en travaillant contre les violences masculines faites aux femmes, travaillent contre toutes les violences. Néanmoins, on ne noie pas les violences faites aux femmes dans un ensemble de violences car elles sont spécifiques : il y a des femmes violentes envers les hommes et les enfants, mais les femmes sont violentées par les hommes parce que ces derniers les considèrent comme des êtres inférieurs qui dépendent d’eux et de leur bon vouloir. Il s’agit de violences de genre : on tue SA femme, sans pour autant être capable de tuer le voisin.– il en existe (- de 20 % des victimes des crimes sont des homicides). Je parle bien des hommes en tant qu’auteurs des violences conjugales, sexuelles, familiales. Je parle d’un système où les hommes (hétérosexuels) dans la société patriarcale5La société patriarcale n’est pas une notion féministe, mais sociologique. qui est la nôtre, ont des privilèges socialement construits (même si tous ne sont pas des privilégiés) par rapport aux femmes, considérées comme des êtres inférieures et dépendantes sexuellement (dont le plaisir dépend de l’homme, et plus encore, de la pénétration) à protéger (sexisme bienveillant), y compris par-delà leur volonté propre mais pour leur bien (sexisme ambivalent) et à posséder, possiblement violemment et jusqu’à leur mort. Car sans homme, les femmes ne sont toujours que des femmes, dans ce système. Ne l’oublions pas, les grandes évolutions des Droits pour les Femmes ne sont pas si anciennes et ne sont pas au bout de leurs exigences ! Les ancrages ont la peau dure ! L’érosion juridique du « devoir conjugal », autoroute des viols dans les couples, date seulement des années 90 pour une affirmation claire en 2006… Appréciez.

C’est une vraie question de fond cette non-dénomination des auteurs et cette focalisation sur les seules victimes. Marlène Schiappa l’a posée en ces termes dans son « essai sur la culture du viol – Où sont les violeurs ? » (2017, l’aube). Ces mots sont crus. Ils choquent. Ces termes « les violeurs » dérangent tant on n’a pas l’habitude d’aborder la question des violences sous l’angle des auteurs. Et tout le langage, le vocable utilisé le montrent. On ne parle que des victimes. On fait l’hommage aux victimes, en cette journée. Et bien entendu que c’est nécessaire ! Bien entendu qu’on ne doit pas les oublier elles, qu’on doit honorer le courage qu’elles ont eu d’aimer des hommes violents, de tenir dans la peur, de gérer le quotidien, leur survie, celle de leurs enfants, souvent. Seules, souvent. Pas entendues, souvent. Pas comprises, jugées, souvent. Pétrifiées, à l’égo détruit, et pourtant, debout. Toujours. Bien-sûr on les dénombre aussi pour sensibiliser, montrer encore et encore à quel point ce décompte macabre ne cesse et pour le faire cesser. Car enfin, c’est insupportable d’entendre citer ces prénoms de femmes, de les imaginer une à une, de s’imaginer ne serait-ce que quelques secondes de leur calvaire jusqu’à la mort ! Année après année.

Énumération des féminicides de l’année

Mais quand parle-t-on de ceux qui tuent ? De ceux qui violent ? De ceux qui agressent ? Quand montre-t-on qui ils sont ? A cette question que j’ai posée samedi à l’une des organisatrices d’Osez Le Féminisme 57, de savoir quand on pourrait parler des auteurs en cette journée, elle me répondit, après une première hésitation, que cette journée était consacrée à l’hommage rendu aux victimes et que citer les auteurs serait comme leur rendre hommage. Si je comprends la motivation, elle me gêne aux entournures. Car, une nouvelle fois, rendre hommage est indispensable pour les familles des victimes. Et si cela sert à mettre en lumière les atrocités commises, cela ne met pas les projecteurs sur ceux qui les commettent : comment donc regarder en face ces tueurs, ces violeurs, ces agresseurs, ces hommes si on n’en parle jamais ? Les victimes n’existent que parce qu’il y a des auteurs ! C’est étrange qu’on parvienne finalement à ne pas mettre en lumière cette seule dépendance véritable qui existe entre les femmes et les hommes !

Qui sont-ils ?

EUX. ILS. Ces pères. Ces conjoints. Ces grands-pères. Ces frères. Ces cousins. Ces amis. Ces meilleurs amis. Ces chéris. Ces amoureux fous ! Ces « fous d’amour »… Ces bons papas. Ces grands génies. Ces grands acteurs. Ces grands cinéastes. Ces grands écrivains. Ces grands hommes politiques. Que tout le monde salue. Que tout le monde défend. Ou protège. Ou comprend. Au moins. Ils sont compris. Excusés. Souvent. Plaints, parfois.

Comment a-t-on appelé cette journée du 25 novembre ? « La Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ». Il est intéressant de constater la douceur avec laquelle on amène cette thématique pourtant si violente. En effet, dans le « jargon » lié à cette « cause », on parlera volontiers de « Violences Faites aux femmes ». Mais on ne dira jamais par qui. Comme si l’on voulait protéger les hommes, auteurs dans l’écrasante majorité des cas. On parle de la violence faite aux femmes (sans préciser par qui) comme si elle était une entité à elle seule, comme si elle se produisait toute seule. On ne parle jamais des auteurs de ces violences : les hommes. Car oui, il s’agit bien de violences masculines faites aux femmes – et aux enfants – par les hommes.

« Not all men ». Ou la réponse réflexe pour éviter toute discussion sur le rôle des hommes dans les violences… masculines.

Pas tous les hommes.

C’est en réalité la première réponse qui vient, comme un réflexe de protection, quand on ose évoquer la violence masculine faite aux femmes par les hommes. Et je ressens toujours ce même malaise alors, même si c’est quand même une évidence que cette violence ne tombe pas du ciel ! Ce malaise d’être un homme au moment où l’on reçoit sans détour cette information que sans conteste, la violence faite aux femmes est masculine. Comme si les hommes la découvraient ! Et en même temps, on le dit si peu ! On en parle si peu. Entre amis, en entreprise, en organisation : ce n’est pas un sujet facile à l’apéro ! Et pourtant, si quotidien, si présent. Et puis ce n’est pas entièrement faux. Nombre d’entre eux, non violents, découvrent avec stupéfaction la réalité des faits quand on la leur montre, la complexité des tenants et aboutissants de la culture sexiste d’un système patriarcal générant les violences sexistes. Mais d’autres découvrent simplement à l’énoncé des tenants qu’ils sont eux-mêmes sexistes (nous sommes tous et toutes imprégnées du sexisme), machistes et que sans le savoir, ils ont aussi été auteurs d’agissements sexistes au moins, voire de violences. Et sans nul doute, certains parmi nous, autour de vous, sont des violents, des violeurs, des agresseurs. Forcément ? Ils sont bien quelque part ces hommes qui fabriquent des victimes à la chaîne ? On comprend que le sujet risque de fâcher.

Cette absence de masculin dans le langage utilisé pour qualifier les violences faites aux femmes biaise la réalité crue. Et ajoute à la perversion de la situation6Parole (de l’homme… connu) contre parole (de la femme), sphère privée « qui ne nous regarde pas », rejet de la victime comme pour ne pas s’y projeter : si elle le cherche, si c’est de « sa faute », ce n’est donc pas l’auteur qui est en cause, donc pas les auteurs, donc ça ne peut pas m’arriver. qui veut que systématiquement, les victimes de violence soient toujours (un peu) jugées coupables de ce qui leur arrive…puisque les auteurs ne sont pas nommés. Par ailleurs, mais vraiment ailleurs, pour tout ce qui ne peut être du ressort de la culpabilité masculine, la langue française a été masculinisée à la fin du 18è siècle7« En 1647, douze ans après la création de l’Académie Française, l’un de ses membres, Claude Favre De Vaugelas, préconise que le masculin doit l’emporter en grammaire au motif que « Le masculin est plus noble que le féminin ». Un siècle plus tard, le professeur Nicolas Beauzée justifie que, selon lui, « Le genre humain est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle ».Appréciez. Avant cela : tous les noms genrés étaient accordés (autrice, professeuse, avocate, directrice…) et l’accord de proximité officiait au pluriel, par exemple : « les filles et les garçons sont allés, les garçons et les filles sont allées. » L’écriture inclusive ou sans stéréotype de sexe, que j’appelle plus volontiers l’expression écrite et verbale démasculinisée (puisque c’est l’usage du féminin qui a été effacé au point qu’aujourd’hui, des femmes préfèrent être appelées Madame le Chirurgien ou le Maire, tant l’utilisation du féminin amoindrit la qualité de la fonction. On ne peut pas dire le contraire : cette volonté de réduire les femmes au travers de l’outil sociétal essentiel du langage a bien fonctionné !) est une lutte féministe grandissante et portée par le Haut Conseil à l’Egalité qui fournit des outils. Voir le Guide Pratique pour une communication sans stéréotype de sexe dont est extraite la citation ci-dessus., dans une volonté politique assumée de « remettre les femelles, inférieures aux hommes, à leur place ». Ici, on efface donc les femmes dans le langage, on réduit leur présence, ce qui au fond facilite davantage leur domination par les hommes qui prennent donc toutes les places reconnues, publiques, de gouvernance, stratégiques. Aujourd’hui encore, il reste toujours très difficile quand on est femme, et même si une minorité y parvient (on se demande aussi systématiquement comment… le spectre de la promotion canapé continue de flotter dans l’air suspicieux autour des femmes qui « réussissent »), de prendre les places socialement réservées aux hommes. Elles restent des femmes exceptionnelles dans tous les sens du terme et on les encense comme telles : mais l’exemple de l’exception n’est pas le plus inclusif, donc inspirant, qui soit ! Et les politiques d’inclusion des femmes, d’équité, de quotas à tous les niveaux sont toujours nécessaires parce que les portes sont toujours fermées, les plafonds de verre toujours reluisants. On en veut pour exemples accablants le peu de mairesses élues en France : 17 % jusqu’à cette année, où les représentantes EELV et FI ont fait bondir les chiffres jusqu’à 23% des têtes de listes ; il reste donc 77 % d’hommes élus maires en 2020, 20 ans après la promulgation de la loi sur la parité en politique… Faudrait veiller à ne pas trop ébranler trop vite l’ordre masculin établi ! Pour la Moselle, on frise le temps des cavernes : le département est bien en dessous de la moyenne nationale avec seulement 7 % de mairesses, chiffre qui de surcroît, a baissé depuis 2014 (9%)… Ou encore, et en réponse à celles et ceux qui ne tolèrent pas l’aspect autoritariste des quotas de présence féminine dans les organes de décision (comme si sans activisme féministe, les femmes auraient pu voir leurs Droits progresser par la seule bonté des hommes…qui doivent pour ce faire, laisser de la place…la leur), il y a désormais des quotas genrés pour les Conseils d’Administration8Loi Copé-Zimmermann, 2011 (bon, c’est plutôt souple, on est sur un 50/50 de type 40 (femmes)/60 (hommes).. J’ai gagné 100 euros, on fait moit-moit, j’en prends 60, je t’en laisse 40. Donc parité!) des entreprises du CAC 40 (dont AUCUNE FEMME n’est à la tête d’aucune entreprise) entre autres, qui sont assez bien respectés dans l’ensemble. En revanche, aucun quota n’est fixé dans les comex, qui comptent sans obligation seulement 18 % de femmes (contre 7,3% il y a 10 ans : seconde preuve que les quotas fonctionnent, même en ricochet entre CA et Comex, les femmes présentes en CA influençant la balance…). Le Maire réfléchit donc à une fixation de quotas aussi pour les comex…

Éluder en permanence le fait que ce sont les (des, mais des parmi les ! et comment sait-on qui ils sont, qui ils ne sont pas, qui ils peuvent être un jour ?) hommes violent, frappent, harcèlent, tuent les femmes parce que ce sont des femmes, ne pas citer systématiquement « les hommes » dans les textes, les articles, les discussions concourt à écarter les hommes du problème. On peut le voir sur la page de l’ONU qui décrit le pourquoi du comment de cette journée, le descriptif commence par la citation de son Secrétaire général, António Guterres: « La violence sexuelle contre les femmes et les filles prend ses racines dans des siècles de domination masculine. N’oublions pas que, fondamentalement, les inégalités entre les genres qui sous-tendent la culture du viol sont un déséquilibre des pouvoirs ». Cette phrase est la seule dans laquelle la notion « masculine » est utilisée. Tout le reste de la page, qui décrit par ailleurs de façon concise mais pertinente, l’ensemble des formes de violences faites aux femmes et aux filles, continue de ne pas dire PAR QUI.

Jackson Katz9Jackson Katz est docteur en sciences sociales et créateur d’un institut relatif aux violences masculines aux EU ; il a co-créé le MVP « Mentor in Violence Program » et intervient dans les écoles, les organisations, dont les plus machistes : GI’s, Milieux des sports etc pour déconstruire le machisme. Il travaille également à la promotion de l’interventionnisme, intervenir pour faire cesser une situation de violence dont on est témoin. est un des premiers qui soulève ce point fort problématique dans le traitement des violences faites aux femmes… par les hommes. Il commence généralement ses conférences ainsi : « la violence faite aux femmes est un problème d’hommes ». L’impact de la phrase « une femme a été violée » – et en général, la phrase s’arrête là, n’est pas le même que celui de la phrase « un homme a violé une femme ». Dans le premier cas, le sujet, même si la phrase est passive, reste bien la femme, dans le second cas, c’est l’homme qui est le sujet actif du viol. Ne jamais citer les hommes, auteurs dans l’écrasante majorité des cas de violences conjugales, sexuelles, sexistes, familiales, rend ces violences abstraites, presque irréelles. Du même coup, il est difficile de s’imaginer possible que tel ou tel homme que l’on connaît personnellement, tellement sympathique, tellement serviable, tellement bon papa (vous l’aurez remarqué, un papa qui s’occupe de ses enfants est un bon papa… une maman qui s’occupe de ses enfants, c’est ? Une maman…) ou bien reconnu publiquement, courtois, élégant, puissant, politique, cinéaste, chanteur, peintre, écrivain, avocat, ministre, …, soit un criminel, un violeur, un assassin (ce qui relève des assises, 15 ans pour le premier crime, 20 ans jusqu’à perpétuité (30) pour le second crime). Ainsi, cette absence de nomination des auteurs concourt à continuer d’effacer leurs actes, la possibilité même de leurs actes. Aussi, cela renforce le réflexe de protection consistant à culpabiliser les victimes (elle l’a cherché, ça ne m’arrivera pas car je ne suis pas elle) et/ou à ne pas les croire, elles. Et de comprendre pourquoi il est si difficile de se faire entendre dans un système qui opère une justice sur base, légitime par ailleurs, de la présomption d’innocence : dans ces cas de violences sexuelles, conjugales, familiales, tant que l’auteur n’est pas reconnu coupable, c’est la victime qui est suspectée. Et c’est à elle bien entendu, de prouver des violences, malgré l’état de sidération, la peur, la solitude, le manque de moyens financiers, etc. Survivre aux violences masculines : ce sont bien là les bons mots, tant le parcours de victime est un calvaire.

Ne pas dire que les hommes sont auteurs des violences subies par les femmes, c’est aussi nier tout un système qui ancre ces violences, qui les multiplie et les banalise dans ses tenants (sexisme, agissements sexistes) et qui les amoindrit dans ses aboutissants. Les violences que font subir les hommes aux femmes surpassent toutes les autres formes de violence contemporaines et historiques : Pascal Picq le dit dans son livre10Et l’évolution créa la femme, (Odile Jacob, 2020) « Les mâles de notre espèce sont parmi les primates les plus violents envers leurs femelles, les femmes ». Et rien de naturel à cela, ni de génétique : que du construit social. Nous avons donc construit une société d’infériorisation des femmes, au service de la reproduction et des désirs, plaisirs, pulsions violentes des hommes.

L’histoire de Julie, violée à l’age de 13 ans

« Not all men ». Pas tous les hommes. Oui. On le sait.

Je le sais.

Mais je sais aussi tout ce que toutes les personnes qui ne se penchent pas sur les ressorts, les tenants et les aboutissants de la violence subie et de la violence causée ne savent pas. Toutes les complexités du sexisme tant il est ancré, banal, et toutes ses violences tant elles sont ignorées, tues trop souvent encore, ignorées qu’elles sont aussi par les victimes elles-mêmes. Mais qui se penche sur ces sujets, les creuse ? C’est un véritable travail sociologique. Qu’on ne fait pas tous les jours ou après le boulot. Sauf par intérêt socio-professionnel ou personnel. Dans le cas contraire, si les informations ne viennent pas « s’imposer » aux gens, ce ne sont pas des sujets porteurs.

Tous les hommes ne sont pas des assassins, des violeurs, des agresseurs. Loin de là et heureusement pour nous ! Parfois, en colère, ils insultent. Mais l’insulte c’est de la violence. Parfois, ils menacent. C’est de la violence. Parfois ils embrassent sans le demander. Pour rire. Ou pas. C’est de l’agression sexuelle. Parfois, ils mettent une main aux fesses, comme ça, ou sur la cuisse. C’est une agression sexuelle, n’en déplaise au Ministre de la Justice. Parfois ils acceptent le baiser d’un·e adolescent·e amoureux·se. C’est de l’agression sexuelle sur mineur·e : c’est à l’adulte, responsable, de recadrer l’adolescent·e. Parfois ils attendent des faveurs sexuelles en échange d’un service ou d’une promotion : c’est presque si banal, mais c’est du viol. Monsieur Le Ministre de l’Intérieur ne le voit évidemment pas de cette manière, sinon il n’oserait pas honorer cette fonction de représentation des Forces de l’Ordre. Beaucoup sont « seulement » sexistes. Souvent, ils ouvrent la porte aux femmes parce qu’on ouvre la porte aux femmes, on les respecte : c’est du sexisme dit « bienveillant ».

Pas tous les hommes mais comment reconnaît-on un homme qui est violent avant qu’il ne le soit ? Et finalement, quand commence la violence ? Combien d’hommes le savent ? Combien de femmes le savent ? Combien de personnes connaissent les mécanismes de la violence faite à autrui ? Combien savent ce qu’est un agissement sexiste ? Ce qu’est le sexisme ? Ce qu’est un viol : à partir de quel moment il y a viol ? Ce qu’est le consentement ? Le consentement explicite ? Qui sait tous les tenants et surtout tous les aboutissants du sexisme au travail ? Combien d’hommes ont une idée concrète de ce que peut vivre une femme dans une seule journée comme agissements sexistes à répétition? Combien se demandent si une femme peut ne pas apprécier avant de la siffler ? Combien se demandent combien de fois elle sera sifflée durant la même journée ? Pourquoi les hommes pensent qu’ils sont les seuls à faire « un truc sympa, pas si grave », sans se soucier de savoir si la personne a envie de recevoir ce qu’ils veulent lui imposer ? Combien savent que le viol n’est pas du sexe, mais simplement de la violence brutale et qui peut détruire toute la vie d’une femme, jusqu’à sa mort ? Combien pensent encore que les femmes fantasment le viol ? Combien pensent qu’elles l’ont cherché ? Qu’elles ont « allumé » (environ un tiers des personnes interrogées en France, en 2020, rendent responsable la victime d’un viol, de s’être faite violée par un violeur…). Il manque clairement de l’information poussée à tous les âges et dans tous les types d’organisation humaine. Par tous les moyens à notre disposition, il faut sensibiliser, déconstruire, dévaloriser la domination, donc la compétition et revaloriser la coopération, l’altérité, l’égalité de considération.

La violence faite aux femmes est une affaire d’hommes. C’est donc un problème sociétal, relevant d’une culture machiste, de la domination masculine, du viol, de la violence et qui trouve ses racines dans le patriarcat, pur construit social. C’est un enjeu sociétal gigantesque tant il coûte à la société à tous les plans y compris sur les manques à gagner, tant son éradication peut générer de nouveaux équilibres sociétaux, plus justes et égalitaires, apaisés et sans doute, plus écologistes, plus soutenables.

En cette journée qui n’est pas une célébration, mais un triste rappel de la nécessité de lutter pour nos droits et nos vies – tout comme celle du 8 mars n’en est pas une (pour cette journée, svp, rangez vos fleurs, vos promo sur la crème dépilatoire ou anti-rides, les draps et les torchons, les aspirateurs, les bijoux, les massages, etc… ce n’est pas la journée de LA femme, mais la Journée Internationale de lutte Pour LES droits DES femmes…), c’est à vous, Messieurs que je veux m’adresser en priorité, car si, heureusement, vous n’êtes pas tous coupables, vous êtes tous responsables du changement sociétal nécessaire : vous pouvez et devez agir.

J’ai rencontré nombre d’hommes qui m’ont dit, en toute bonne foi, être perdus dans toute cette violence féminine (oui, quand les femmes disent la vérité (#meetoo) c’est quand même super violent, voire insupportable ! En effet, la vérité l’est, les violences masculines qui leur sont faites le sont). Quand on est homme, non concerné (vraiment ? ), c’est-à-dire non auteur de violences (mais peut-être sexiste de temps en temps…) on peut en effet être acculé par toute cette « agitation féminine soudaine », massive, des jeunes filles et des femmes qui répondent, n’acceptent plus d’être interpellées, qu’on leur ouvre la porte, qu’on leur fasse des compliments sur leur physique comme ça, comme si c’était un sujet normal, au travail, dans la rue, dans les transports, ou bien qu’on dénigre leur physique, comme ça, comme si c’était un sujet de discussion normale… Cette agitation féminine ce sont les femmes qui n’en peuvent plus de subir et qui le disent. Partout dans le Monde entier. Il n’y a pas comme un signal là ? Il est normal que les hommes se sentent perdus dans ces repères machistes appelés à bouger (« mais comment on fait alors maintenant pour draguer ? » ; « si on ne peut plus rien dire, rien faire, plus faire d’humour… ». Quand les hommes sont perdus, Patric Jean11Auteur réalisateur spécialiste de la question de la domination masculine a donné un conseil simple : « écouter les femmes. Elles savent ce dont elles ont besoin ».

Dans le cadre de cette journée qui rappelle combien il est nécessaire de lutter contre toutes les formes de violences masculines faites aux femmes, conjugales, sexuelles, sexistes, au travail, dans l’espace public, dans l’espace privé, j’en appelle à travailler à la racine de ces violences : la domination masculine culturelle. Qui fait que les femmes apprennent à vivre avec la peur de ce qu’elles peuvent subir et dans le silence de ce qu’elles subissent. Et qui nuit aussi aux hommes non dominants ou aux communautés LGBT+.

Vous qui êtes le fils d’une femme. Obligatoirement. Votre mère est une femme.

Le frère d’une sœur. Le cousin d’une cousine. L’ami d’une amie. Le chéri d’une chérie. Le compagnon d’une compagne. L’époux d’une épouse. Le collègue d’une collègue. Le patron d’une employée. Le coach d’une adolescente. Le professeur d’une élève. Le médecin d’une patiente. Le gynécologue d’une future maman. L’avocat d’une victime. Le policier qui prend la plainte…

Vous qui êtes peut-être père, papa. Le papa d’une fille.

Mais aussi et surtout le papa d’un garçon. Soyez exemplaire ! Car contrairement à ce qui est souvent affirmé, ce n’est pas tant la faute des mères qui éduqueraient mal leurs garçons, c’est aussi l’exemple des pères qui éduque : absence, attitudes, comportements sexistes !

Le frère d’un frère, le cousin d’un cousin, l’ami des potes, le collègue de collègues, le patron d’employés, le coach d’adolescents, le professeur d’un élève… Intervenez12Les blagues sexistes font surtout rire les hommes… Les blagues sexistes font rire 31 % des hommes interrogés, contre 15 % des femmes interrogées ; 5 des 6 vidéos des youtubeurs Norman et Cyprien (parmi les plus suivis en France) et 37 % de blagues du site internet « Blague Info » (1er site trouvé sur une recherche « blague » sur Google) mobilisent des ressorts sexistes, dénigrant les femmes ; 71 % des chroniques radios mobilisent des ressorts sexistes. Les femmes représentent 55 % des victimes d’injures, surtout les jeunes, entre 14 et 29 ans ; 1,2 million de femmes victimes d’injures sexistes en 2017.

Seuls 2,9 % des actes sexistes (selon la loi) font l’objet d’une plainte !

Je vous invite à vous questionner. Et au lieu de dire « on n’est pas tous comme ça », ou pire « il y aussi des femmes violentes », « ma femme était une sacrée »… Accueillez ce que peut-être vous ne saviez pas : reconnaissez la masculinité toxique parce qu’elle existe et quand elle existe et même si vous ne la pratiquez pas !

Informez-vous sur la définition du consentement, de l’agression sexuelle, du viol, de la violence psychologique, de la violence, du harcèlement, du harcèlement de rue, des agissements sexistes.

Renseignez-vous sur les effets dévastateurs de la violence sur l’état psychique des femmes, comprenez l’état de sidération ; mais aussi sur les effets destructeurs du sexisme au travail.

Une syndicaliste CGT : « 26% d’écart salariales, 59% des entreprises ne respectent pas la loi et n’ont pas de plan d’action sur l’égalité professionnelle, 20% des femmes sont victimes de harcèlement sexuel, 10 viols ou tentatives de viol sont recensés par jour au travail, … »

Intervenez aussi dans les situations de violence lorsque vous en êtes témoin. Changez d’humour : essayez de rire des auteurs plutôt que des victimes, c’est moins facile, c’est aussi drôle et c’est participer à la déconstruction des stéréotypes ! Accompagnez vos pairs dans le changement, recadrez leurs interventions sexistes !

Aux collectivités territoriales : il est aussi grand temps de s’emparer vivement de ce fléau par le prisme du travail sur les auteurs. Potentiels et avérés. Si le sujet du Droit peut avancer grâce à la Responsabilité Sociale, il faut mettre en place urgemment des outils d’éducation citoyenne à la non -violence de genre. Les acteurs et actrices du terrain font sans nul doute un travail remarquable mais si l’on reste toujours sur la partie traitement des victimes (sachant que sur ce point, il reste encore quantité d’efforts financiers, humains, organisationnels, structurels à fournir), on soignera toujours les symptômes sans s’attaquer à la cause, la racine : la domination masculine.

Les mairies doivent désigner au moins une personne ou une commission paritaire en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes et pour l’éradication des violences masculines faites aux femmes et aux enfants (et contre toutes les formes de violences sur toutes les cibles). Non seulement il faut continuer à déployer des outils destinés à la formation des femmes et des victimes en général (savoir repérer les situations d’emprise, de violence psychologique, de violence, de viol, apprendre à dire non, à se défendre…) mais il faut surtout bâtir des outils à destination des hommes et pour casser le mythe de la domination qui génère les violences. La Commune de Villiers-le-Bel a réalisé une campagne d’affichage efficace qui interpelle les hommes et les met enfin en position d’auteur, donc d’acteur du changement pour l’éradication des violences faites aux femmes. Certes, cette campagne a ses limites en ce sens qu’elle ne pointe « que » la « seule » violence qu’est le féminicide, alors qu’en réalité, il s’agit toujours « d’un continuum de violences », c’est-à-dire, un quotidien de violences multiples et variées. Mais elle a le mérite de s’attaquer à l’angle du SUJET AUTEUR.

La Responsabilité Sociale des Entreprises est aussi une formidable passerelle pour utiliser le maillage des entreprises du territoire et travailler sur les individu·e·s en leur sein, sensibiliser, déconstruire les stéréotypes et les mécanismes ancrés du sexisme, désigner une (des) personne(s) référente(s), repérer les cas de violence. Les sujets doivent aussi être plus massivement abordés à l’école dans lesquelles les moyens ne sont pas suffisamment déployés pour faire face aussi, à la montée de la pornographie comme référence des relations sexuelles et affectives. Le lien entre la consommation de la pornographie et la montée des violences sexuelles conjugales est régulièrement confirmé par des études, qui elles restent évidemment régulièrement contestées…

La loi doit encore avancer pour cadrer les obligations dans lesquelles ces sensibilisations massives doivent être opérées. Les professions parties prenantes doivent aussi se former à ce que sont les mécanismes de violences causées et subies : police, magistrature, corps médical. La présomption d’innocence existe pour protéger les accusé·e·s de jugement hâtifs et leur donner la chance de se défendre. Mais cette même présomption d’innocence, si elle est essentielle partout ailleurs, est quasi systématiquement dommageable en l’état aux victimes présumées. Nombre de féminicides sont réalisés par des ex-conjoints qui ont déjà fait l’objet de multiples plaintes. Les cas de violence conjugale, sexuelle, familiale sont de fait très souvent en huis clos, sans témoin et l’emprise et les effets de sidération bien connus maintenant, font que les preuves sont quasi impossibles à livrer. Et même quand c’est le cas, la liberté de l’auteur présumé, le manque de moyens de la Justice qui livre en pâture à la correctionnelle des crimes passibles des assises font de la Justice un symbole bien peu solide pour les victimes. En outre, et c’est aussi une information : devant la multitude de cas qui devraient être portés devant la justice, il est évident que la réponse est largement inadaptée.

Et enfin, aux journalistes : merci de dire les réalités. Évoquez les féminicides, la pédocriminalité, les violences masculines faites aux femmes et aux enfants (quand elles le sont). Ne parlez plus de crime passionnel, de drame conjugal, de drame familial.

Appelons un chat, un chat.

Le premier qui parle d’une chatte… !
Parlons-en, des mots !
Une autre fois ! 
😉

Un dernier petit clin d’œil pour dire que les féministes hétérosexuelles aiment les hommes, les vrais : les égaux. Je le précise car nombre d’hommes, masculinistes surtout (contre les féministes), ou de femmes non féministes, pensent que les féministes manquent d’humour, sont aigries et sont contre les hommes ou font la guerre aux hommes. Nous sommes tout le contraire ! Le féminisme est un humanisme au service de l’égalité des Droits entre les êtres, et donc seulement contre les privilèges et les exactions liées à la domination masculine.

L’hymne des femmes chanté en fin de rassemblement


Quelques liens et références pour celles et ceux qui ont envie d’apprendre sur le sujet, d’élargir leur champ de vision.

Virginie Despentes, King King Theorie (Le livre de poche)

Jackson Katz :

  • « The Macho Paradox » (anglais) 
  • Ted Talk 20 min (sous titres français possibles) ; 1 h 30
  •  Site personnel
  • Ses travaux sont sur les hommes, pour que les hommes changent. Voici 10 conseils qui permettent aux hommes d’empêcher la violence fondée sur le genre :Document PDF

Raphaël Liogier : « Descente au cœur du mâle » (Les liens qui libèrent, LLL) 

Patric Jean : « Les hommes veulent-ils l’égalité ? » (Belin) ; « La loi des pères » (livres) Wikipedia  ;

La domination masculine : un documentaire.

Brigitte Grésy (actuelle présidente du Haut Conseil à L’Égalité, conseil ayant produit le superbe petit guide pratique sur l’écriture inclusive [Vidéo]

Livres :

  • « Le sexisme au travail, fin de la loi du silence ? » (Belin)
  • « Petit traité contre le sexisme ordinaire » (Michel Albin)
  • « La vie en rose » (Michel Albin)

Egalement directrice des travaux sur la recherche et co-rapporteure : « Sexisme dans le monde du travail, entre déni et réalité », 2015, Conseil Supérieur de l’Egalité Professionnelle entre les Femmes et les Hommes.

Collectif Goergette Sand : « Ni vues, ni connues. Panthéon, Histoire, Mémoire : où sont les femmes ? »

Manon Garcia : « On ne naît pas soumise, on le devient » (Climats).

Noémie Renard : « En finir avec la culture du Viol » (Les Petits matins) 

Marlène Schiappa : « Où sont les violeurs ? Essai sur la culture du viol » (L’aube) – 2017

Olivia Gazalé : « Le mythe de la VIRILITE. Un piège pour les deux sexes » (Robert Laffont).

Jean-Loup Chiflet et Marie Deveaux : « #balance ton mot » (Plon)

Joni Seager : « L’atlas des femmes » (Robert Laffont)

Yannic Ripa : « Les femmes dans la société. Une histoire d’idées reçues » (Le cavalier Bleu)

Jean-Baptiste Légal, Sylvain Delouvée : « Stéréotypes, préjugés et discrimination » (Les topos). Complément du site http://www.prejuges-stereotypes.net/ (attention nécessite flash)

Ivan Jablonka, « Des hommes justes. Du patriarcat aux nouvelles masculinités ». Historien et écrivain.

Sous la direction de Catherine Halpern : « Idendité(s). L’individu, le groupe, la société ». (Sciences Humaines)

Jack Urwin, « Man Up Surviving modern masculinity » (Icon books)

  • 1
    Iels : ils et elles
  • 2
    Extension virale du mouvement #meetoo, créé en 2006 par Tarana Burke (Me too Movement) travailleuse sociale new-yorkaise, médiatisé par Alissa Milano, actrice américaine
  • 3
    Communauté d’Agglomération Thionville-Portes de France
  • 4
    Il faut noter que les féministes en travaillant contre les violences masculines faites aux femmes, travaillent contre toutes les violences. Néanmoins, on ne noie pas les violences faites aux femmes dans un ensemble de violences car elles sont spécifiques : il y a des femmes violentes envers les hommes et les enfants, mais les femmes sont violentées par les hommes parce que ces derniers les considèrent comme des êtres inférieurs qui dépendent d’eux et de leur bon vouloir. Il s’agit de violences de genre : on tue SA femme, sans pour autant être capable de tuer le voisin
  • 5
    La société patriarcale n’est pas une notion féministe
  • 6
    Parole (de l’homme… connu) contre parole (de la femme), sphère privée « qui ne nous regarde pas », rejet de la victime comme pour ne pas s’y projeter : si elle le cherche, si c’est de « sa faute », ce n’est donc pas l’auteur qui est en cause, donc pas les auteurs, donc ça ne peut pas m’arriver.
  • 7
    « En 1647, douze ans après la création de l’Académie Française, l’un de ses membres, Claude Favre De Vaugelas, préconise que le masculin doit l’emporter en grammaire au motif que « Le masculin est plus noble que le féminin ». Un siècle plus tard, le professeur Nicolas Beauzée justifie que, selon lui, « Le genre humain est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle ».Appréciez. Avant cela : tous les noms genrés étaient accordés (autrice, professeuse, avocate, directrice…) et l’accord de proximité officiait au pluriel, par exemple : « les filles et les garçons sont allés, les garçons et les filles sont allées. » L’écriture inclusive ou sans stéréotype de sexe, que j’appelle plus volontiers l’expression écrite et verbale démasculinisée (puisque c’est l’usage du féminin qui a été effacé au point qu’aujourd’hui, des femmes préfèrent être appelées Madame le Chirurgien ou le Maire, tant l’utilisation du féminin amoindrit la qualité de la fonction. On ne peut pas dire le contraire : cette volonté de réduire les femmes au travers de l’outil sociétal essentiel du langage a bien fonctionné !) est une lutte féministe grandissante et portée par le Haut Conseil à l’Egalité qui fournit des outils. Voir le Guide Pratique pour une communication sans stéréotype de sexe dont est extraite la citation ci-dessus.
  • 8
  • 9
    Jackson Katz est docteur en sciences sociales et créateur d’un institut relatif aux violences masculines aux EU ; il a co-créé le MVP « Mentor in Violence Program » et intervient dans les écoles, les organisations, dont les plus machistes : GI’s, Milieux des sports etc pour déconstruire le machisme. Il travaille également à la promotion de l’interventionnisme, intervenir pour faire cesser une situation de violence dont on est témoin
  • 10
    Et l’évolution créa la femme, (Odile Jacob, 2020)
  • 11
    Auteur réalisateur spécialiste de la question de la domination masculine
  • 12
    Les blagues sexistes font surtout rire les hommes… Les blagues sexistes font rire 31 % des hommes interrogés, contre 15 % des femmes interrogées ; 5 des 6 vidéos des youtubeurs Norman et Cyprien (parmi les plus suivis en France) et 37 % de blagues du site internet « Blague Info » (1er site trouvé sur une recherche « blague » sur Google) mobilisent des ressorts sexistes, dénigrant les femmes ; 71 % des chroniques radios mobilisent des ressorts sexistes. Les femmes représentent 55 % des victimes d’injures, surtout les jeunes, entre 14 et 29 ans ; 1,2 million de femmes victimes d’injures sexistes en 2017.

    Seuls 2,9 % des actes sexistes (selon la loi) font l’objet d’une plainte !