Catégories
Luttes Opinions

Égalité : maintenant, c’est aux hommes de bosser !

LES FEMMES À L’HONNEUR

Aujourd’hui 8 mars, le monde entier « célèbre » la journée internationale de lutte pour les Droits des Femmes. Et ce n’est pas un cadeau pour les femmes de se rappeler, à cette occasion, le combat, séculaire, qu’il reste à mener pour qu’elles aient enfin les mêmes droits, les mêmes chances que les hommes.

En cette journée, on parle des femmes. On les met en lumière pour leur valeur ou bien les inégalités et les violences qu’elles subissent, comme si l’une et les autres restaient à démontrer. On parle des victimes, mais pas des auteurs. Comme si l’émancipation des femmes était la solution pour que cessent les inégalités et les violences qui leur sont faites. Par les hommes, dans le système patriarcal qu’ils ont créé.

On ne dit pas que …

ce sont les hommes qui fabriquent les inégalités et qui sont auteurs des violences faites aux femmes.

Mettre les femmes à l’honneur, les mettre en lumière, est essentiel pour les visibiliser ou les sortir de leurs positions invisibles. Les encourager à « s’émanciper », à développer leur confiance en elleS, à oser, à sortir du syndrome répandu de l’impostrice1Féminin de « imposteur » – selon la règle du français de dérivation en -trice des noms d’agents en -teur, quand les noms de sont pas dérivés d’un verbe (Marina Laguello, Les Mots ont un sexe). Les mettre en réseau féminin à ces fins, est essentiel pour les « empowerer ». Ce terme souvent utilisé dans le récent jargon managérial est d’ailleurs évocateur : on préfère utiliser le terme non français, anglophone, « d’empowerment » comme si parler « d’encouragement des femmes à prendre le pouvoir, à développer leur puissance » n’était pas ce que l’on voulait dire. Ou bien, n’ose-t-on pas le dire ? Et pour cause, ce sont des termes liés au masculin dans les représentations sexistes ancrées dans notre civilisation patriarcale.

Ou bien, leur faire de la place sociale, économique, publique, politique par les contraintes légales sanctionnées (quotas, Indice EgalPro) est primordial. Parce que sans ces obligations obtenues grâce aux luttes féministes séculaires, dans lesquelles, d’ailleurs, les lesbiennes ont pris une grande part active sans qu’on le reconnaisse souvent2Le génie lesbien, Alice Coffin, nous n’en serions pas à ce niveau des Droits, même si ces derniers restent toujours inégaux entre les femmes et les hommes et des acquis fragiles.

Le féminisme protéiforme reste donc d’actualité pour faire progresser l’égalité, par ses revendications militantes multiples et parfois opposées3On parle d’intersectionnalité des luttes : les féministes, en France et dans d’autres pays francophones, sont opposées sur la question du Voile ou encore, sur celle de la prostitution.. Ces dernières cherchent à faire évoluer les cadres sociétaux qui restent favorables aux privilèges des hommes. Par exemple, les féministes œuvrent, avec plus de résistance, à faire avancer la protection judiciaire des femmes et des enfants, le système reposant sur une valeur essentielle de notre droit, la présomption d’innocence. Si cette valeur républicaine est essentielle à une Justice véritable et équitable, elle donne souvent lieu à des « dénis de justice » dans les situations de violence sexistes et sexuelles. En effet, en respectant ce principe si cher au Droit français, les preuves sont à charge des victimes. Or, dans ces « affaires », elles sont souvent inexistantes ou difficiles à produire : les violences s’opèrent à huis clos, dans l’emprise interpersonnelle des auteurs sur leurs victimes, qui sont aussi sidérées par les actions de violence qu’elles subissent. Ces effets d’emprise et de sidération des victimes commencent enfin à être pris au sérieux grâce aux travaux sur la mémoire traumatique et la victimologie4Association « Mémoire Traumatique »présidée par la Doctoresse Muriel Salmona, Psychiatre spécialisée en psychotraumatologie et des organisations féministes.

On commence à reconnaître qu’ils empêchent les victimes de se défendre, de parler, de dire non et de contribuer ainsi à la perpétuation du silence, partagé par les témoins souvent démuni·e·s ou s’estimant non concerné·e·s. En effet, nombre de personnes témoins n’osent pas dénoncer, ou ont peur pour elles-mêmes tant l’emprise des auteurs peut-être sociétale quand ils exercent un pouvoir. Mais aussi, la sphère privée, très proche de l’idée de propriété individuelle, reste pour grand nombre une limite à ne pas franchir, même pour protéger les personnes à l’intérieur. Cette complexité liée à la « propriété » est bien tout le fond du problème en réalité car c’est ainsi que les auteurs de violence se croient légitimes dans leur violations des droits de « leur » conjointe, compagne ou ex, de « leur » secrétaire ou assistante, de « leur » collègue, ou bien de « leur » enfant… Présomption d’innocence et ancrage de la sacro-sainte notion de sphère privée-propriété sont deux piliers de notre République qui contribuent finalement à bafouer les fondements même de la République, de liberté – égale, d’égalité – réelle, et de fraternité, ce dernier terme en disant long, justement, sur les deux notions précédentes, effaçant de fait, le féminin des principes républicains… Comme le Haut Conseil à l’Egalité le préconise, on lui préfèrerait aujourd’hui « adelphité » dans une lecture réellement républicaine.

Adelphité : « mot inventé, pour un sentiment à imaginer, à rêver, à réaliser, peut-être, en ce XXI° siècle.Un sentiment entre fraternité et sororité. Le mot adelphité est formé sur la racine grecque adelph- qui a donné les mots grecs signifiant sœur et frère, tandis que dans d’autres langues (sauf en espagnol et en portugais, ainsi qu’en arabe), sœur et frère proviennent de deux mots différents. Englobant sororité (entre femmes) et fraternité (entre hommes), masculine et non machiste, l’adelphité désigne des relations solidaires et harmonieuses entre êtres humains, femmes et hommes. »

– Encore Féministes –

Ainsi les spécialistes de la traumatologie et les féministes, emmenant dans leur sillage des professionnel·le·s de la Justice, ont éclairé le débat de cette dernière sous le prisme de la justice de genre : et d’exiger des âges minimum sous lesquels le consentement n’est pas une question et le viol est qualifié obligatoirement ; mais aussi, il a été obtenu de lever le secret médical dans les affaires de violence sexiste et sexuelle afin de permettre à un·e médecin·e d’alerter officiellement quant aux cas de violence présumée ; ou encore, dans la même lignée, et c’est aussi recommandé par le Haut Conseil à l’Égalité, il est proposé de lever la présomption d’innocence des auteurs présumés de violences sexistes et sexuelles pour aller vers une présomption de crédibilité des victimes, les preuves étant quasi systématiquement impossibles à produire créant pour les victimes un véritable autre parcours de violence, judiciaire celui-ci. Les condamnations des auteurs restent donc rares et rarement à la hauteur des faits : un viol est un crime sexuel, passible de 15 ans de réclusion criminelle depuis 1980, grâce au travail opiniâtre et à la victoire de Gisèle Halimi, avocate féministe. Combien d’affaires aboutissent à cette juste sanction pénale ? Tout au plus, on entend parler de 2 ou 3 ans, souvent avec sursis… Dernièrement, un viol en réunion, filmé et diffusé sur les réseaux sociaux, a donné lieu à une condamnation pour l’un des quatre auteurs, à 10 ans de prison. Le maximum d’une peine en correctionnelle…Mais avant cela, combien de policiers refusent encore de prendre les plaintes alors que c’est strictement interdit par la loi ?5Lire « Le Guide Juridique des femmes victimes de violence », My-Kim Yang-Paya, Céline Marcovici et «Madame, il fallait partir », Céline Marcovici, avocate. Association Avocats Femmes et Violences, créée en 1997.

Ces focalisations sur les femmes, autour des femmes, avec les femmes, pour les femmes, sont essentielles pour ELLES, et font indéniablement avancer les Droits en interpellant la Société, en questionnant la représentation inégale des femmes en son sein, en dénonçant sans relâche les violences masculines et sociétales sexistes qui leur sont faites.

Mais cela ne suffit pas…

Mais cela ne suffit pas à déconstruire les processus individuels et sociétaux du sexisme, qui ne dépend pas des femmes, de leur attitude ou de leur comportement, mais bel et bien de celui des hommes. Le sexisme est masculin qui continue de brider les femmes, de les empêcher d’être libres et égales en droit, qui les agresse et les violente jusqu’à la mort. Ainsi, si on ne désigne pas les hommes pour travailler à leur partie, ils continueront à regarder les femmes de loin en étant fiers d’elles parfois, ou amusés, paternalistes ou inquiets. Mais finalement, quel est l’impact de ces « tergiversations féminines et féministes » quant à faire changer le regard des hommes sur les femmes, sur leur corps, leur attitude, le comportement des hommes ?

Car c’est bien ce qu’il faut comprendre : le système patriarcal violente les femmes par son organisation sexiste. À l’intérieur de ce système, les femmes subissent le sexisme interpersonnel et en le subissant sans le dire, le perpétuent. Il en est de même pour les hommes qui échappent aux injonctions viriles. Quand les autres, «à part quelques exceptions, s’en accommodent et en tirent profit » (Yvan Jablonka).

les masculinistes […] s’élèvent contre le féminisme, contre les revendications pour les droits des femmes

Le sexisme et les violences qui en découlent sont d’abord une question d’hommes en action, sciemment ou inconsciemment, dans une culture qui le leur permet voire les encourage au travers les rouages du système, patriarcal. Mais aussi, les protège. En effet, cette culture de domination masculine, appelée « culture du viol », fait émerger une fraternité de réflexe qui se dresse quasi systématiquement en opposition aux revendications féministes, aux expressions multiples accrues et relayées par les réseaux sociaux depuis 2017 (#meetoo’s), des femmes victimes de violences. Très souvent, les hommes se défendent d’être sexistes ou agresseurs sans même se questionner, sans même avoir pris connaissance des définitions légales des éléments qualifiant leurs agissements. Il en est même qui revendiquent d’autres droits, non écrits ceux-là, dont celui de « draguer », sans limite, donc sans consentement et dans tout type de situation. Cette même « fraternité réflexe » va jusqu’à produire des mouvements d’hommes, les masculinistes, qui s’élèvent contre le féminisme, contre les revendications pour les droits des femmes, en prenant pour outil leurs droits de père qui seraient bafoués par les mères abusives, exclusives, et qui composent 80 % des familles monoparentales après séparation, quand seulement 10 % des pères demandent la garde alternée dans les faits6Lire « La loi des pères », Patric Jean ; « La crise de la masculinité, autopsie d’un mythe tenace » François Dupuis-Déri ; « Les anti-féminismes, Analyse d’un discours réactionnaire », sous la direction de François Dupuis-Déri et Diane Lamoureux.

Heureusement, les hommes ne sont pas tous coupables d’agissements sexistes, d’agressions sexistes ou sexuelles ! En revanche, ils sont tous individuellement Socialement Responsables !

IL EST TEMPS, MESSIEURS, D’AGIR !

Il est temps de cesser de considérer la plus grande des batailles pour les droits humains de notre civilisation comme une guerre des sexes à votre encontre ! Si guerre il y a, c’est celle des hommes contre les femmes depuis des millénaires :

l’homme est le plus grand prédateur pour la femme

Pascal Picq, Et l’évolution créa la femme

et c’est un paléontologue qui l’écrit, pas une féministe aigrie, frustrée, intégriste ou que sais-je ! Le sentiment de guerre des sexes que les hommes ressentent (ainsi que les femmes existant socialement dans leur regard ou leur filiation), est en réalité la conséquence de la domination masculine systémique, inconsciente et consciente, de laquelle les femmes veulent sortir et contre laquelle elles se défendent !

L’indifférence ou l’hostilité des hommes explique que les féministes aient souvent dû compter sur leurs seules forces. D’où cette atmosphère de guerre des sexes qui règne aujourd’hui : tandis que de nombreux hommes se sentent agressés par les revendications féministes, certaines parmi elles refusent de collaborer avec leurs « oppresseurs ».

Yvan Jablonka, Des hommes justes

Et nous sommes arrivées, au bout de tous ces siècles, à un moment de la lutte où la fatigue, le ras-le bol des femmes qui se battent sans que les choses évoluent franchement, changent de manière drastique, peut se faire sentir ! Nombre de féministes souffrent aujourd’hui de burn-out dans un combat quotidien, sur les réseaux sociaux notamment, qui les épuise tant il consiste à devoir répéter sans cesse les causes de la cause, justifier leur engagement, réexpliquer encore et encore des faits qui sont pourtant si faciles à observer partout ! Et quand elles osent dire qu’elles sont épuisées de cette oppression phallocrate, quand elles osent dire qu’elles ne font plus confiance aux hommes tant ils sont partout reconnus comme potentiellement oppresseurs, elles sont encore et toujours plus la cible de violentes attaques. En témoignent les réactions aux interventions de Alice Coffin, lesbienne de surcroît (le cauchemar des hommes : des femmes qui n’ont absolument pas besoin d’eux !)– ou bien de Pauline Harmange, dont le court et premier essai « Moi, les hommes je les déteste » a même fait l’objet d’une demande d’interdiction de parution par UN membre du Gouvernement !

Pourquoi nombre d’hommes restent sexistes quand on leur explique que le sexisme tue ? Pourquoi nombre d’hommes restent sceptiques quand on le leur démontre ? Pourquoi nombre d’hommes ne s’offusquent pas davantage, ne participent pas davantage à ce combat pour protéger les êtres féminins qu’ils chérissent pourtant ? Pourquoi leur première réaction et de faire mentir les victimes ? Sinon pour protéger instinctivement ou consciemment leurs privilèges ?

On est en droit de se le demander. Tous les jours dans les journaux des « scandales » éclatent parce que des hommes célèbres sont accusés d’inceste, d’agression sexuelle, de viols, de féminicides. Les réactions ? Alerte ! Présomption d’innocence ! Tant que la victime n’a pas prouvé, elle ment ! Et même quand les hommes célèbres ont été reconnus coupables de viol, de féminicide : alerte ! On ne peut pas mélanger l’homme et son œuvre ! Il faut séparer « l’être » du « faire » ! Surtout quand ce « faire » nous apporte quelque chose dont on ne veut se séparer ! Ne dit-on pas pourtant « il est un excellent chanteur, il est un excellent metteur en scène » ? Il a violé ? C’était il y a longtemps… Il a tué la femme qu’il aimait avec 12 coups de poings ? Il a payé sa dette à la société … Et puis, ne violerait-on pas la liberté individuelle avec cette « cancel culture7« La cancel culture (culture de l’annulation), ou call-out culture (culture de la dénonciation), est une pratique née aux États-Unis consistant à dénoncer publiquement, en vue de leur ostracisation, les individus ou les groupes responsables d’actions ou de comportements perçus comme problématiques. » Wikipédia. De mon point de vue, c’est admettre la supériorité culturelle à celle de la justice en refusant de lire l’Histoire et l’histoire sous un prisme différent que celui de la domination masculine et/ou occidentale. Le féminisme est aussi visé par cette nouvelle étiquette médiatique chérie de « cancel culture » quand il revendique l’intolérable encensement ou engouement pour les œuvres d’hommes célèbres dont on sait ou dont on apprend ou dont on admet enfin, dans une société patriarcale ébranlée, qu’ils sont aussi, et d’abord, des hommes violents qui ont agressé, violé, tué. La juste attitude n’est pas simple à trouver et cette notion fait débat houleux, mais nécessaire. » qui se répand ? Il ne faudrait pas se voir empêcher par la vindicte populaire, de continuer à aduler des hommes célèbres, pas justes, mais qui nous ravissent de leurs talents… Et de continuer à chanter avec eux…« Je n’ai pas peur de la route… ». Quand bien même une femme est morte sous leurs coups, sous une autre de leurs compositions, sous une autre de leurs musiques… « Le vent l’emportera ».

Pas si sûr…

Pourquoi cette résistance des hommes à regarder la toxicité du masculin dominant ? Pour ceux qui pratiquent et en tirent profit, on comprend. On n’accepte pas, on est très en colère et en alerte et en action en contre (militantisme, obligations légales, coercition, punition, déconstruction obligatoire…), mais on comprend la logique. Mais pour tous les autres ? On espère les millions d’autres ? Pourquoi ces autres hommes, ni sexistes, ni agresseurs, crient-ils, ne réagissent-ils pas massivement ?

Une nouvelle réalité

Il est vrai que trop peu d’hommes, et de femmes, trop peu d’entre nous, maîtrisent les tenants et aboutissants ambivalents et violents du sexisme. Qui a reçu dans sa vie une sensibilisation au sexisme ? Une formation à la traumatologie des violences sexuelles pour en comprendre les impacts ? Même pas moi qui écris… Ma connaissance pointue du sujet aujourd’hui relève de mon expérience de femme victime de violences sexistes et sexuelles, de mon acharnement personnel, social et professionnel à les comprendre pour les déconstruire (études, recherches, projet professionnel en cours…). Il nous faut apprendre, tous et toutes. Déconstruire et apprendre une nouvelle qualité relationnelle, bâtir une société moderne. Une nouvelle réalité.

Alors aux hommes qui pensent ne pas être concernés par les violences masculines faites aux femmes (et aux enfants…) parce qu’ils ne sont pas auteurs (disent-ils…), on a envie de dire : soyez concernés en tant que témoin non passif et en tant qu’acteur de la déconstruction des stéréotypes sexistes ! Appréciez votre niveau de sexisme8De nombreux tests en ligne existent, voici un test sur le site du Conseil de l’Europe – 10 questions rapides. (on est tous et toutes sexistes par construit social), regardez en face votre capacité de nuisance d’homme ainsi éduqué et encensé par notre Société, pour mieux la transformer en fabricant l’égalité de votre point de vue d’homme. Il est essentiel : c’est 50 % du chemin vers l’égalité réelle.

Un homme juste

Il est temps aussi de lâcher la culpabilité masculine qui, peut-être, génère ce réflexe de protection du genre masculin ! Il est possible d’être un homme juste et de regarder en face l’origine des inégalités, des violences faites aux femmes. Être un homme ne veut pas dire être un agresseur ! Être un homme veut dire appartenir, de fait, au groupe dominant. Mais les hommes d’aujourd’hui n’ont pas bâti la société patriarcale dans laquelle ils sont nés, dans laquelle ils ont une position dominante par rapport à celle des femmes, ils n’en sont donc pas coupables ! En revanche, ils en sont responsables au sens où ils peuvent décider de contribuer à pérenniser le sexisme ou à le contrer. On parle ici de Responsabilité Sociale Individuelle qui consiste à se demander « comment, en tant qu’homme, je peux agir » de manière objective devant une situation avérée, démontrée, des millions de fois criée sur les réseaux sociaux par les femmes ces dernières années : qui peut l’ignorer aujourd’hui ?

Et c’est aussi un message adressé aux femmes et hommes, majoritaires, qui gouvernent les Organisations humaines, institutions, entreprises, associations diverses : il est urgent de saisir l’opportunité de la RSE-O pour faire progresser l’égalité réelle et faire reculer les violences sexistes et sexuelles en prévoyant un plan de sensibilisation au sexisme visant chaque individu·e au sein des Organisations9Recommandations du Conseil des Ministres de l’Europe. C’est d’abord une question d’éthique et de justice sociale. Mais comme cela ne semble pas suffire, il faut dire ô combien il est question de dynamique économique d’un territoire. En effet, les violences masculines coûtent des milliards à la société : « les hommes sont responsables de la majorité des comportements asociaux et le « gouffre statistique » qui existe entre les hommes et les femmes à ce sujet est ignoré. Petit inventaire à la Prévert : la gent masculine représente 83 % des 2 millions d’auteurs d’infractions pénales traitées annuellement par les parquets et 90 % des personnes condamnées par la justice, 86 % des mis en cause pour meurtre, 99 % des auteurs de viols, 84 % des auteurs d’accidents routiers mortels, 95 % des mis en cause pour vols violents avec arme et…96,3 % de la population carcérale. Rien que sur le budget de la Justice (9 Mds€), les comportements masculins mobilisent, chaque année, 7 milliards. (…) Une personne tuée coûte 3, 241 millions d’euros à la société !»10Lucile Peytavin, Le coût de la virilité, Editions Anne Carrière. Voir l’article sur Le Parisien.. Les discriminations à l’embauche coûtent aussi massivement11150 milliards – France Stratégie, 2016 tant elles nuisent à la créativité dans l’Organisation, à l’Innovation, à la production de richesses et de contributions sociales.

Les Objectifs du Développement Durable (ODD)

En outre, doit-on le rappeler : l’égalité entre les sexes est le 5ème des ODD à l’horizon 2030, mais aussi la priorité quinquennale annoncée par le Président de la République française en personne… Et nombre d’études et de recommandations nationales et internationales en définissent les contours. Chez nous, le CESER Grand-Est le rappelle clairement dans son rapport : les inégalités perdurent sur notre territoire et le cœur du problème est bien « une forte survivance des stéréotypes » qui impactent la cohésion sociale. Il faut lutter contre le sexisme partout !

Tout le monde a finalement intérêt à ce que cela change.

Tout le monde a intérêt à « révolutionner le masculin »

Yvan Jablonka

En cette journée du 8 mars, non pas des femmes, mais de lutte pour leurs droits et donc pour l’égalité des droits, nous disons aux hommes :

Citoyen, fils, papa, frère, oncle, grand-père, collègue, patron, coach sportif, professeur, médecin, avocat, juge, policier, pompier, soignant, ministre, élu,… , il vous reste votre chemin à faire dans chacun de vos rôles sociaux . Nous, féministes, avons fait notre part du travail, nous sommes arrivées au bout de nos 50 %. Cessez d’être « gentlemen » ou sexistes bienveillants, de nous ouvrir la porte de ce qui vous arrange en nous fermant les autres, ou bien de vouloir « nous aider » (à faire le ménage, à nous occuper des enfants, à faire progresser nos Droits, à prendre une place sociétale égale à la vôtre), faites votre quote-part du travail ! Pour ceux qui ont peur que les femmes finissent par les dominer : réagissez ! Ne les laissez pas prendre votre part du travail ! Il reste 50 % du chemin de l’Égalité réelle à réaliser : c’est le vôtre ! C’est à vous de bosser, maintenant !

Et nous, féministes, engagées socialement et de plus en plus professionnellement en la matière, tant le travail est immense, sommes outillées pour vous accompagner : nous avons des siècles d’expérience de combat pour la démocratie à partager avec vous ! 😉

Sandrine Knaff
Experte RSE-Inclusion-EFH

  • 1
    Féminin de « imposteur » – selon la règle du français de dérivation en -trice des noms d’agents en -teur, quand les noms de sont pas dérivés d’un verbe (Marina Laguello, Les Mots ont un sexe)
  • 2
    Le génie lesbien, Alice Coffin
  • 3
    On parle d’intersectionnalité des luttes : les féministes, en France et dans d’autres pays francophones, sont opposées sur la question du Voile ou encore, sur celle de la prostitution.
  • 4
    Association « Mémoire Traumatique »présidée par la Doctoresse Muriel Salmona, Psychiatre spécialisée en psychotraumatologie
  • 5
    Lire « Le Guide Juridique des femmes victimes de violence », My-Kim Yang-Paya, Céline Marcovici et «Madame, il fallait partir », Céline Marcovici, avocate. Association Avocats Femmes et Violences, créée en 1997
  • 6
    Lire « La loi des pères », Patric Jean ; « La crise de la masculinité, autopsie d’un mythe tenace » François Dupuis-Déri ; « Les anti-féminismes, Analyse d’un discours réactionnaire », sous la direction de François Dupuis-Déri et Diane Lamoureux
  • 7
    « La cancel culture (culture de l’annulation), ou call-out culture (culture de la dénonciation), est une pratique née aux États-Unis consistant à dénoncer publiquement, en vue de leur ostracisation, les individus ou les groupes responsables d’actions ou de comportements perçus comme problématiques. » Wikipédia. De mon point de vue, c’est admettre la supériorité culturelle à celle de la justice en refusant de lire l’Histoire et l’histoire sous un prisme différent que celui de la domination masculine et/ou occidentale. Le féminisme est aussi visé par cette nouvelle étiquette médiatique chérie de « cancel culture » quand il revendique l’intolérable encensement ou engouement pour les œuvres d’hommes célèbres dont on sait ou dont on apprend ou dont on admet enfin, dans une société patriarcale ébranlée, qu’ils sont aussi, et d’abord, des hommes violents qui ont agressé, violé, tué. La juste attitude n’est pas simple à trouver et cette notion fait débat houleux, mais nécessaire.
  • 8
  • 9
  • 10
    Lucile Peytavin, Le coût de la virilité, Editions Anne Carrière. Voir l’article sur Le Parisien.
  • 11
    150 milliards – France Stratégie, 2016